Le groupe GDG, qui rachète l’hôtel particulier à l’AP-HP, envisage de le transformer en campus urbain contemporain à l’issue des travaux menés par Jean-Michel Wilmotte et Pierre Antoine Gatier, l’architecte en chef des monuments historiques.

GDG a racheté l’Hôtel Scipion pour y créer un campus (LPLT/CC by SA 3.0). L’hôtel Scipion s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire. Cette élégante bâtisse de brique et de pierre, imaginée au XVIème siècle par le banquier de Catherine de Médicis, était depuis plus de deux siècles entre les mains de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui y avait logé sa boulangerie, puis son administration.

L’hôtel particulier passe aujourd’hui entre les mains du groupe immobilier GDG investissements, moyennant 60,5 millions d’euros. Signe de son attachement aux lieux, l’AP-HP, bien qu’engagée dans une politique de rationalisation patrimoniale, a tenu à sélectionner son acquéreur sur projet.

Le groupe GDG a remporté cet hiver l’appel à projets, en imaginant sur cette parcelle de 2 587 mètres carrés un « campus urbain d’exception » susceptible d’accueillir jusqu’à 2 000 enseignants et étudiants.

« De nombreuses grandes écoles et établissements d’enseignement supérieurs français ou étrangers, aimeraient trouver dans Paris des locaux de qualité et aux normes, mais n’y parviennent pas. Il y a un besoin pour cette classe d’actifs »

Rémi Gaston-Dreyfus | Président-Fondateur du groupe GDG

Gagner en surface

Confié à un groupement de maîtrise d’oeuvre dirigé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte et l’architecte en chef des monuments historiques Pierre Antoine Gatier, le projet de rénovation, qui doit encore recevoir toutes les autorisations d’urbanisme avant sa finalisation, répondra à « un haut niveau d’exigence » selon GDG. L’enjeu est aussi de trouver un point d’équilibre entre le montant – important – des travaux à venir et les contraintes financières propres à un établissement d’enseignement supérieur.

L’hôtel particulier, qui s’organise autour d’une cour pavée, se compose de plusieurs bâtisses, dont une classée aux Monuments Historiques, dont les façades seront restaurées avec soin. L’inscription au titre des monuments historiques va d’ailleurs être étendue à l’ensemble des façades, toits et cour de l’îlot. Les intérieurs, fortement dégradés et obsolètes, feront l’objet d’importants réaménagements. Sans toucher à la volumétrie générale de la bâtisse, GDG veut gagner en surface en creusant sous la cour pavée pour y créer des locaux, puis restaurer le pavage. Pour convaincre la ville de Paris, très attentive à la lutte contre la minéralisation de sols, l’investisseur fait valoir que des systèmes sophistiqués permettront de traiter les eaux de ruissellement.

Salles de cours et logement étudiant

La programmation reste à finaliser selon les besoins de l’école, mais au moins 4 000 mètres carrés seraient dédiés à l’enseignement : amphithéâtres, bibliothèques, salles de cours. Des locaux polyvalents permettant de s’adapter aux pratiques hybrides – entre distanciel et présentiel. Dans les étages 2 000 mètres carrés de locaux d’habitation – transformables en locaux d’enseignement verraient le jour ainsi que 1 000 mètres carrés de résidence sociale étudiante. La maire du cinquième arrondissement, Florence Berthout aurait préféré des logements pour les familles. « Nous devons maintenir de la cohérence dans notre projet, qui est celui d’un campus, et je suis certain que l’arrondissement y trouvera son compte d’autant qu’il s’agit d’une rénovation très qualitative » rétorque Rémi Gaston-Dreyfus. Sans pour autant fermer complètement la porte, dans l’hypothèse où l’école ne serait pas preneuse de logement social étudiant.

On ignore encore quel établissement viendra s’installer dans ce quartier de Paris à la vocation universitaire déjà très affirmée, entre le jardin des Plantes et le Luxembourg, mais plusieurs d’entre eux auraient déjà manifesté leur intérêt. Le permis de construire doit être déposé en mai pour une livraison du bâtiment, en 2023 ou au plus tard 2024.

Journaliste : Laurence Albert | www.lesechos.fr